Ligne d’argile, ligne de sel (d’Elisabeth Cathelineau)

Editions du Losange, 15 euros, ISBN : 9-782842-952136

 

Témoignage, carnet de route

 

Pour celui-ci, afin de mettre en valeur l’écriture, j’agrémenterai mon avis par des extraits.

Ce livre raconte en prose/poésie, le voyage d’Emma vers Jérusalem.

[…Je suis Emma. J’entreprends ce périple au centre de moi-même. Aller en Israël est comme un « Aliyah », un rêve bien étrange qui surgit des profondeurs de l’inconscient. Il reste improbable que je sois juive. Je ne suis ni juive, ni croyante. Je suis à la croisée des chemins…]

 

Ce livre mélange carnet de voyage et poèmes. Le narrateur raconte son périple à un ancien amant.

Les souvenirs se mêlent, mais le lecteur comprend à demi-mot, le père aimé et haï, le prince charmant qu’il a fallu quitter (parfois c’est une question de survie).

 

Les méandres torturés de l’âme s’opposent à la douceur des mots.

 

Les chapitres sont nommés en jour de visite en Israël. La chaleur de l’endroit, bien présente, contraste avec la noirceur des musées visités comme celui du château de Chemlo. Des lieux de commémoration terribles. Ceux des disparus des camps de concentration, « la solution finale ».

L’auteur analyse cette époque : (4e jour : « Arbeit Macht Frei » [Sous les plis rougis du drame, reste gravé en Lettres Majuscules « ARBEIT MACHT FREI ». L’écriteau relie à la chaine de l’humanité, le travail à la chaine des prisonniers sans nom, de morts prédestinés, dédiés aux sacrifices des Temps modernes. Au degré zéro de l’humanité, au monde d’en bas, nos lettres majuscules dessinent alors l’espace insolent d’une liberté réduite à faire disparaître des vies, la VIE.] Et la ponctue de nombreuses notes de bas de page, se référant à d’autres écrits comme ceux de Primo Levi (l’asymétrie et la vie), Hannah Arendt (les origines du totalitarisme et Ibid)

 

Emma tente d’expliquer aussi le déni des origines lorsqu’elle rencontre un écrivain rescapé des camps. Son récit lui rappelle le choix de sa propre famille. Renier les racines pour survivre.

 

Et puis, au terme de sept jours, le retour à la réalité en quelques vers, des phrases saccadées bien choisies, poétiques toujours.

L’auteur va à l’essentiel.

 

Conclusion pour ma part. Un écrit poétique, torturé qui se termine par une sorte d’apaisement de l’âme. Je crois que ce voyage dans le passé a rasséréné l’auteur, du coup, je me sens rassurée aussi. Le temps panse les blessures sans effacer l’histoire.

Elisabeth Charier

 

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